Crédits : Facebook Tahiti Tourisme
Un mariage ? Une élection de Miss ? La kermesse de l’école ? En Polynésie, pas un événement sans son spectacle de danse ! Il faut dire que la danse est ancrée dans la culture traditionnelle, et que de nombreux Polynésiens la pratiquent dès leur plus jeune âge. Comme on dit ici, c’est carrément notre truc quoi ! Et s’il y a bien un événement où elle est reine, c’est au Heiva I Tahiti en juillet ! Il s’agit d’une grande fête populaire dédiée aux traditions : concours de danse et chant, sports ancestraux, va’a, marche sur le feu ou encore artisanat.
Crédits : Facebook Maison de la Culture de Tahiti
Mais d’abord, un peu d’histoire. La danse a toujours occupé une place importante dans la société polynésienne. Avec l’arrivée des premiers missionnaires, danser a été jugé indécent et le Roi Pomare II, fraîchement converti au christianisme, en a interdit la pratique en 1819 (ça ne vous rappelle pas l’histoire du tatouage polynésien tout ça ?). Il faudra attendre 1881, lorsque la Polynésie est passée sous l’influence française, pour que la danse soit à nouveau autorisée à l’occasion des premières fêtes du Tiurai (juillet). Le véritable renouveau de la danse tahitienne a pu se faire grâce à Madeleine Moua et à sa troupe mythique Heiva dans les années 50. Elles ont posé les bases du ‘ori tahiti (danse tahitienne). ensuite, après l’obtention du statut d’autonomie (2004), les fêtes du Tiurai ont été rebaptisées Heiva, qui veut dire passe-temps, divertissement et spectacle de danse en tahitien.
Aujourd’hui le Heiva I Tahiti est un événement in-con-tour-nable au fenua ! Tout le monde trépigne d’impatience avant de pouvoir acheter ses places ! Comme pour un concert de Coldplay au Stade de France, les billets pour les spectacles de danse sont épuisés dès l’ouverture des ventes (oui, oui) !
Le show est grandiose ! Chaque groupe monte un spectacle autour d’un thème, en s’inspirant de l’histoire, des mythes et légendes de Polynésie. Chorégraphies, musiques, chants, textes en tahitiens…Tout est créé pour l’occasion. Les groupes rivalisent d’imagination et chaque détail est pensé pour mettre en valeur la culture polynésienne. Et si le Heiva a lieu au mois de juillet, les répétitions, elles, sont intenses et durent des mois ! Faut savoir qu’il y a deux concours de danse traditionnelle au Heiva : le « Hura Ava Tau » (pour les amateurs) et le « Hura Tau » (pour les professionnels ayant déjà remporté un prix en amateur).
Un règlement strict a été établi pour ce concours comme par exemple présenter les quatre types de danse traditionnelle (ote’a, aparima, pa’o’a et hivinau), compter minimum 72 personnes.
Crédits : Facebook Maison de la Culture de Tahiti
Crédits : Facebook Maison de la Culture de Tahiti
Par ailleurs, les groupes doivent porter trois types de costumes différents : traditionnel, végétal et en tissu. Or, pour rassembler les coquillages, les nacres, les fleurs et les végétaux pour décorer les tenues, c’est du boulot ! Danseurs, famille, amis… tout le monde s’y met et vit au rythme du Heiva !
Crédits : Facebook Maison de la Culture de Tahiti
Pas de danse sans musique ! Les danseurs sont accompagnés d’orchestre composé d’instruments traditionnels comme le to’ere (percussion polynésienne), la tari parau (la grosse caisse), le ‘ihara (le bambou fendu), le pahu (un djembé local style) ou encore le vivo (flûte de nez en bambou). Le meilleur orchestre est récompensé en fonction de la qualité des musiciens, l’originalité des mélodies ou des tenues ! Parce que oui, au-delà du graal ultime, le prix du meilleur groupe de danse amateur ou pro, d’autres prix sont décernés au Heiva : celui du meilleur danseur/danseuse, du meilleur costume, du meilleur orchestre, du meilleur auteur…
Crédits : Facebook Maison de la Culture de Tahiti
Crédits : Facebook Tahiti Tourisme
Le Heiva, c’est aussi des chants traditionnels, qu’on appelle hīmene. Inspirés des chants polyphoniques traditionnels et des hymnes religieux des missionnaires protestants, ils perpétuent les légendes polynésiennes. Pour le Heiva, chaque groupe doit présenter les principaux types de hīmene : un tarava (avec plus de 60 chanteurs), un rū’au (chanté sans musique sur un tempo lent) et un ‘ute (vous êtes toujours là ?). À la clef ? Des prix pour les chants, le meilleur auteur ou le meilleur compositeur.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site internet dédié : https://www.heiva.org/.