ITO ta’ata : Teiki CHAVEROCHE

Teiki Chaveroche, Directeur Juridique, Assurance et Éthique chez EDT, joue un rôle essentiel au sein de l’entreprise, où il conjugue rigueur juridique et pragmatisme pour accompagner la stratégie de l’entreprise dans un contexte polynésien complexe.

Teiki allie héritage culturel et expertise professionnelle pour naviguer à travers les défis uniques du secteur énergétique en Polynésie.

Dans cet entretien, il nous partage son parcours, sa vision de la relation entre le droit et les affaires, ainsi que les enjeux stratégiques auxquels EDT est confrontée, tout en offrant un aperçu personnel de son engagement envers le Fenua.

Peux-tu nous rappeler ce qu’implique au quotidien l’intitulé de ton poste chez EDT ?

Le rôle principal du Directeur Juridique est de garantir la sécurité juridique des actions de l’entreprise. Cela signifie que mon équipe et moi, conseillons les autres services sur les aspects légaux de nos opérations, supervisons l’élaboration et la vérification des contrats, et gérons les contentieux, en particulier ceux liés à nos contrats de concession avec nos autorités délégantes. C’est un équilibre délicat entre rigueur juridique et pragmatisme, pour s’assurer que les affaires continuent de se faire.

Comment situes-tu l’importance du juridique dans la stratégie d’une entreprise comme EDT ?

Le juridique est omniprésent dans une entreprise comme la nôtre, mais il agit surtout comme un support. Mon rôle est de conseiller et de fixer des limites pour que la stratégie soit non seulement efficace, mais aussi légalement sécurisée. Il s’agit de trouver les meilleures façons d’atteindre nos objectifs tout en respectant le cadre légal, ce qui implique souvent une remise en question pour rester à jour avec les évolutions juridiques.

Avec la transition vers les énergies renouvelables, comment vous adaptez-vous aux nouvelles réglementations ?

Nous effectuons une veille juridique constante pour rester à jour sur les évolutions réglementaires. Heureusement, sur les sujets techniques nous sommes assez souvent consultés en amont lors de réformes, ce qui nous permet de contribuer activement à l’amélioration des cadres législatifs, notamment en matière de solaire. Il est crucial pour nous de ne pas être perçus comme un frein au développement des énergies renouvelables, alors que nous sommes au contraire un moteur en la matière.

Depuis que tu es à ce poste, dirais-tu que tu as changé ?

Absolument. En arrivant, j’avais une approche plutôt théorique du droit, mais au fil du temps, j’ai appris à prendre de la hauteur. Aujourd’hui, je me considère davantage comme un facilitateur d’affaires, cherchant constamment à équilibrer la sécurité juridique avec les besoins opérationnels. Cela m’a poussé à évoluer, à être plus flexible tout en restant fidèle aux principes juridiques.

Comment parviens-tu à déconnecter du travail, surtout avec les responsabilités que tu portes ?

C’est un défi, surtout avec un poste de management où les préoccupations ne s’arrêtent pas à la porte du bureau. Pour me détendre, je travaille sur un projet personnel à Moorea avec mon frère. Nous cultivons la terre et envisageons d’installer des bungalows, dans les collines. C’est un véritable bol d’air frais qui me permet de vraiment déconnecter.

Je suis aussi passionné par l’histoire ancienne de la Polynésie, la navigation traditionnelle, les récits des premiers explorateurs européens… Depuis 20 ans, je lis tout ce que je peux à ce sujet. A mes heures perdues, j’écris parfois des articles sur Wikipedia, et j’ai aussi eu la chance de donner des conférences sur les paquebots.

Il y a quelques années tu as organisé une exposition avec ton frère en hommage à votre père. Peux-tu nous en parler ?

Oui, c’était un projet assez personnel. Mon père avait pris des photos de Papeete dans les années 70, des clichés qui, à l’époque, semblaient anodins mais qui ont pris de la valeur avec le temps puisque la ville a beaucoup changé après ça. Avec mon frère, nous avons voulu les restaurer et les exposer pour rendre hommage à notre père qui est toujours vivant mais qui n’habite plus en Polynésie. Cela nous a permis de créer un petit événement familial tout en préservant un morceau de l’histoire de Tahiti.

Avec ta double culture, comment gères-tu ton rôle au sein de l’entreprise ?

J’essaie d’apporter une perspective locale au sein du CODIR, qui s’est d’ailleurs un peu plus “océanisé”, ces dernières années. Parfois je peux aider à faire comprendre comment les gens pensent et réagissent ici, en intégrant cette dimension culturelle dans notre prise de décision. Faire partie d’une multinationale procure de nombreux avantages, mais il faut aussi veiller à rester ancrés dans les réalités locales. Je pense que cette synthèse à réaliser est l’un des beaux défis d’EDT pour les années à venir.