ITO ta’ata : Teiki CHAVEROCHE

Teiki Chaveroche, Directeur Juridique, Assurance et Éthique chez EDT, joue un rôle essentiel au sein de l’entreprise, où il est amené à devoir conjuguer rigueur juridique et pragmatisme pour accompagner la stratégie de l’entreprise dans un contexte polynésien complexe. Y résident en effet de nombreux défis liés au secteur énergétique. Dans cet entretien, il nous partage notamment sa vision de la relation entre le droit et les affaires, ainsi que les enjeux stratégiques auxquels EDT est confrontée. 

Peux-tu nous rappeler ce qu’implique au quotidien l’intitulé de ton poste chez EDT? 

Mon rôle principal est de garantir la sécurité juridique des actions de l’entreprise. Cela signifie que je conseille sur les aspects légaux de nos opérations, je supervise l’élaboration et la vérification des contrats, et je gère les contentieux, en particulier ceux liés à nos contrats de concession avec nos autorités délégantes. C’est un équilibre délicat entre rigueur juridique et pragmatisme, pour s’assurer que les affaires continuent de se faire. 

Au quotidien, nos missions se déclinent donc ainsi :  

  • Conseil juridique interne 
  • Rédaction ou vérification de contrats 
  • Gestion des contentieux de toutes natures 
  • Négociations et accords fonciers 
  • Assurances 
  • Animation du droit des sociétés : tenue des CA et AG de nos différentes filiales, réalisation des formalités… 
  • Respect de la réglementation sur les données personnelles 
  • Veille juridique 
  • Déontologie 

Comment situes-tu l’importance du juridique dans la stratégie d’une entreprise comme EDT ? 

Le juridique est omniprésent dans une entreprise comme la nôtre, mais il agit surtout comme un support. Mon rôle est de conseiller et de fixer des limites pour que la stratégie soit non seulement efficace, mais aussi légalement sécurisée. Il s’agit de trouver les meilleures façons d’atteindre nos objectifs tout en respectant le cadre légal, ce qui implique souvent une remise en question pour rester à jour avec les évolutions juridiques. 

 Avec la transition vers les énergies renouvelables, comment vous adaptez-vous aux nouvelles réglementations ? 

Nous effectuons une veille juridique constante pour rester à jour sur les évolutions réglementaires. Heureusement, sur les sujets techniques nous sommes assez souvent consultés en amont lors de réformes, ce qui nous permet de contribuer activement à l’amélioration des cadres législatifs, notamment en matière d’énergie solaire. Il est crucial pour nous de ne pas être perçus comme un frein au développement des énergies renouvelables, alors que nous sommes au contraire un moteur en la matière. 

 Depuis que tu es à ce poste, dirais-tu que tu as changé ? 

Absolument. En arrivant, j’avais une approche plutôt théorique du droit, mais au fil du temps, j’ai appris à prendre de la hauteur. Aujourd’hui, je me considère davantage comme un facilitateur d’affaires, cherchant constamment à équilibrer la sécurité juridique avec les besoins opérationnels. Cela m’a poussé à évoluer, à être plus flexible tout en restant fidèle aux principes juridiques. 

 Avec ta double culture, comment gères-tu ton rôle au sein de l’entreprise ? 

J’essaie d’apporter une perspective locale au sein du Comité de Direction, qui s’est d’ailleurs un peu plus “océanisé”, ces dernières années. Parfois je peux aider à faire comprendre comment les gens pensent et réagissent ici, en intégrant cette dimension culturelle dans notre prise de décision. Faire partie d’une multinationale procure de nombreux avantages, mais il faut aussi veiller à rester ancrés dans les réalités locales. Je pense que cette synthèse à réaliser est l’un des beaux défis d’EDT pour les années à venir.